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Voeux 2011 de la part de Patrick
Quelques sujets de réflexion à propos du message de Nouvel An de Didier.
Préambule :
Cette année Didier nous propose un haïku, court poème très riche de sens, illustré et illustrant une estampe dont il nous donne une reproduction.
Il ne s’agit pas ici pour moi de proposer une analyse de cette œuvre, mais juste d’apporter ma petite pierre à cette réflexion, à ce travail interne.
Il y a là, me semble-t-il une rencontre très intéressante entre deux formes d’art : l’Art en général avec ce qu’il véhicule de profondeur, de transmission, d’expressions diverses sous des formes variées (ici la poésie et la gravure)
et l’aïkido qui est un vrai art martial avec son travail interne, la profondeur de ses mouvements, attitudes, placements
Quelques données utiles :
Hokusaï est un artiste japonais de la fin du XVIIIe et du début du XIXe siècle.
L’œuvre en question, appelée La Vague, est tirée d’un ensemble nommé Les 36 vues du mont Fuji, peint par Hokusaï vers 1831 (il a alors environ 70 ans).
Matière à réflexion :
En japonais, estampe se traduit ukiyo-e, ce qui signifie « image du monde flottant (ou du monde éphémère) ».
Trois éléments sont à observer sur l’estampe en question :
- la vague,
- les bateaux et les marins,
- le mont Fuji à l’arrière-plan et au centre.
L’estampe est entièrement composée de courbes : la vague, les bateaux, le Fuji composé de deux courbes montantes.
Si on regarde bien l’allure générale de la vague, le courant de la mer venant du bas à droite, s’enroulant pour repartir ensuite en vague dans l’autre sens, forme une spirale. En étant plus attentif, on peut saisir le fait qu’au plein de cette vague s’enroulant, répond le vide du ciel s’enroulant dans l’autre sens, formant ainsi une représentation du Yin et du Yang (tant au niveau graphique qu’au niveau du sens).
De plus près encore, la courbe de la vague se divise en de multiples éléments courbes. C’est ce qu’on appelle de nos jours une image fractale, symbolisant ici l’infini.
En lisant l’image à la japonaise, donc de haut en bas et de droite à gauche, les barques venant de la droite et allant à gauche ont un sens faste, alors que la vague venant de la gauche et allant à droite a un sens néfaste.
Les barques sont vides de marchandises, et pilotées par huit marins. La perspective sur le mont Fuji indique qu’elles viennent de l’est, du large, et retournent vers l’ouest, vers la côte. Ces bateaux reviennent au port.
Selon la tradition bouddhiste, le paradis est à l’ouest, les démons viennent de l’est. Dans les maisons traditionnelles, ce premier axe allait :
- du ke (~ de ki : le souffle, l’énergie, l’esprit) à l’est, où étaient les pièces communes (cuisine, office
), c’est de ce côté que viennent les démons,
- vers le hare (ensoleillé) à l’ouest, où se trouvaient les salons, l’autel des ancêtres
)
Il pourrait donc y avoir un enroulement complexe entre ces directions (aller vers la gauche, retourner au port
, et leurs contre-directions (mouvement de la vague faisant barrage, montées, descentes
), sur le plan géographique mais aussi sur le plan symbolique.
Hokusaï a-t-il voulu inscrire ces notions spirituelles dans son estampe?
L’allure de la vague semble aussi exprimer le dragon tendant ses griffes, ou la pieuvre ses tentacules (Hokusaï a beaucoup brodé sur ces thèmes).
Comment percevoir le Fuji :
- est-il une puissance apaisante, divine, stable, face aux flots déchaînés et aux vents furieux ?
- volcan, fait-il écho à la vague marine comme une vague de terre potentiellement périlleuse?
Notons qu’il occupe une place tout à fait particulière sur l’estampe ; petit, il est presque au centre (mais pas tout à fait !) et au fond de l’image. Cette notion de profondeur est appelée oku en japonais. C’est une voie noble.
Elle constitue le deuxième axe de la maison traditionnelle japonaise : plus on avance dans la maison, côté hare, plus les pièces (ma : espace entre deux, vide
) sont grandes et destinées à accueillir les hôtes de marque. La dernière des pièces communique souvent avec le jardin par des panneaux coulissants (shojis).
Il y a deux futurs possibles à cette histoire : face aux éléments déchaînés (un typhon) que deviendront les marins revenant au port, périront-ils ou passeront-il ?
Temps suspendu,
Instant incertain,
Vide, plein
Espoir, désespoir
Inspiration, expiration
Passage, équilibre, rupture
Hokusaï disait : « (
) les choses appartiennent à un univers dont nous ne devons jamais briser l’harmonie. »
Bonne année à tous.
Patrick, 1er janvier 2011
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Voeux 2011 de la part de Jean-Michel
Je vous livre une pensée de Lao Tseu : "Si les choses ne changent pas, change ta façon de les voir."
Bonne année à tous.
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